L’ange de Pleyber-Christ et les démons d’Arrée.
Généreuse, elle nous fait découvrir l’échappée de lumière avant l’averse, la brume légère et flottante du point du jour, le murmure voilé d’une source au fond des bois, le frémissement délicat des bruyères au vent d’automne, le port majestueux du roch sous les rayons de lune. Le temps d’une photographie.
Cajoleuse, elle sait faire les yeux doux aux elfes, aux lutins, aux farfadets, et même à l’Ankou, et se régaler ensemble du crépuscule des dieux ou du petit matin blême. Car elle sait leur vertu à détourner l’ondée, calmer la bourrasque, lever le brouillard et révéler l’arc en ciel. Le temps d’une photographie.
Respectueuse, avec encore de l’argentique sous les ongles, elle sait se lever matin, sélectionner le matériel, soigner la prise de vue, s’adapter aux circonstances, tabler sur la chance, et savoir attendre, patienter, ou saisir ou abandonner. Donner du temps au temps. Le temps d’une photographie.
Enjôleuse, elle pousse la taquinerie jusqu’à me prêter du talent, et je me laisse bercer par cette illusion suave. Demain j’irais, demain matin, pas trop tôt, pas trop loin, pas trop vite, pas trop haut. Avec mes objectifs, et mon trépied, et mon téléphone. Et rentrer pour midi. Le temps d’un trop-plein de clichés.
Merci madame.